J’ai besoin de beauté. J’ai besoin de me frotter aux étoiles pendant des nuits entières, de laisser vagabonder mon regard d’un horizon à l’autre du crépuscule à l’aube, et je pense ne pas être le seul. Comme tout le monde, je me suis plié aux rythmes de cette année anormale, multipliant les sorties nocturnes lorsque je le pouvais et me plongeant dans mes livres favoris lorsque sortir était impossible. Paradoxalement, sans doute parce que je ne voulais rien manquer, cette année sera sans doute celle où j’aurai enregistré le plus d’images des astres. Il faut dire que Vénus, la comète NEOWISE et Mars avaient des choses à nous montrer et j’espère que la météo nous permettra de finir en beauté avec la conjonction incroyablement serrée des planètes Jupiter et Saturne juste avant Noël (voir mon billet de blog). Pour partager quelques bons moments avec vous, j’’ai été ramasser une grosse poignée d’images inédites dans mes réserves et j’espère qu’elles vous feront rêver en attendant de pouvoir à nouveau fréquenter les grandes nuits étoilées…
2020 AU FIL DE MES NUITS
Ambiance crépusculaire hivernale sur la berge du lac des Pises pris par la glace. Une heure après le coucher du Soleil, une pose unique de 0,6 s avec un boîtier Sony A7s et un objectif Nikon de 14 mm diaphragmé à 3,2. Cette nuit-là, j’ai réalisé le time-lapse que vous pouvez retrouver dans la lettre n° 156.
Juste avant la Nouvelle Lune de février, je suis monté sur le causse Méjan pour photographier la lumière zodiacale ; vous pouvez voir ces images dans la lettre n° 158. Parmi les images prises en attendant la nuit, celle de ce pilier solaire qui s’élève au cœur des traînées de condensation d’innombrables avions, c’était avant le confinement ! Sony A7s, objectif Sigma ART de 20 mm diaphragmé à 4, 1/400 sec à 200 ISO.
Le lendemain à l’aube, en redescendant vers Le Vigan par la route d’André Chamson, je me suis arrêté au belvédère de La Cravate pour photographier le mince croissant de la vieille Lune qui se dandinait dans l’air glacé au-delà des ondulations cévenoles. Sony A7s, objectif Nikon de 180 mm à 2,8, 0,6 sec à 400 ISO.
Début mars, Vénus se couche et son éclat est diffusé par une couche de cirrus qui s’apprête à envahir la nuit. La Lune vient de se lever dans mon dos et illumine la paroi ouest du cirque de Navacelles. Cette nuit-là, j’ai réalisé une immense mosaïque de la Voie lactée hivernale au-dessus de ce cirque, mais les cirrus ont tellement diffusé la pollution lumineuse de la côte méditerranéenne que je n’ai pas montré le résultat.
Mi-mars, juste avant le premier confinement, une nuit presque parfaite au sommet de l’Aigoual en compagnie de Vénus, de la lumière zodiacale et de l’arche de la Voie lactée hivernale. Cette vaste mosaïque a été prise un peu plus d’une heure après celle qui ouvre ma lettre n° 159. L’arche galactique s’est affaissée et la lumière zodiacale se noie lentement dans la brume qui diffuse la pollution lumineuse des villes lointaines. Sony A7s défiltré, objectif Sigma ART de 20 mm diaphragmé à 3. Chaque champ est un assemblage de 40 poses de 6 secondes à 10 000 ISO réalisé avec le logiciel Starry Landscape Stacker, la mosaïque a été assemblée avec Autopano Giga, traitements et finitions avec Lightroom et Photoshop.
Cette nuit-là, j’ai photographié la mesure de SQM que je venais de faire car je n’en avais jamais eu d’aussi bonne dans les Cévennes. À 21,97, on peut dire que les conditions étaient exceptionnelles, même pour ce site réputé pour la splendeur de ses ciels.
Un gros plan sur ma première comète de l’année, C/2017 T2 PANSTARRS, alors qu’elle passait juste à côté du double amas de Persée et de la nébuleuse du Cœur ; c’est le petit fuseau verdâtre à droite ! Nikon D700 défiltré avec un objectif Nikon de 180 mm diaphragmé à 3,5, monture équatoriale motorisée Astrotrac, près de 80 minutes de pose à 4 000 ISO.
Le 3 avril, en plein confinement, c’est dans mon jardin que j’ai observé et photographié le passage de Vénus dans l’amas des Pléiades au-dessus d’un cerisier couvert de fleurs éclairé par la Lune. Sony A7s, objectif Nikon de 14 mm diaphragmé à 3,2, 15 secondes de pose à 2 000 ISO.
Une grande respiration à la fin du premier confinement ! Le 17 mai au soir, j’étais au cœur du causse Méjan face à la Voie lactée. Ce panorama a été réalisé avec un boîtier Sony A7s défiltré et un objectif Zeiss de 55 mm diaphragmé à 2. Il est composé de 5 champs, chacun étant la somme de 20 poses de 4 secondes prises sans entraînement ni filtre, et je l’ai assemblé avec les logiciels Starry Landscape Stacker et Autopano Giga. Saturne et Jupiter sont les planètes visibles à gauche de la Voie lactée.
Le 19 mai, je saluais ma deuxième comète de l’année, C/2020 F8 SWANN, lors de son lever à l’orée de l’aube au-dessus du causse de Sauveterre. La pollution lumineuse est engendrée par l’éclairage trop important de la commune de Sainte-Énimie qui est blottie au fond des gorges du Tarn. La comète est le tout petit fuseau visible au centre de l’image, rien à voir avec la splendeur encore à venir de NEOWISE ! Sony A7s, objectif Zeiss de 55 mm diaphragmé à 3,2, 40 poses de 6 secondes à 8 000 ISO assemblées avec Starry Landscape Stacker.
Un superbe halo solaire observé au goûter à l’observatoire des Pises le 21 mai ! Mosaïque de trois champs ; Sony A7s, objectif Sigma ART de 20 mm diaphragmé à 11, pose de 1/8000 sec à 200 ISO.
Ma lettre n° 162 s’ouvre sur une mosaïque du cœur de la Voie lactée au-dessus d’un champ de marguerites réalisée sur le causse de Sauveterre au début de la nuit du 25 au 26 mai. Quelques heures plus tard, après le lever de Jupiter et de Saturne, voici un autre champ très abondamment fleuri dans le même secteur et une autre mosaïque. Boîtier Sony A7s défiltré, objectif Zeiss de 55 mm diaphragmé à 3,2, 6 champs composés de 10 images de 6 secondes à 20 000 ISO, sans filtre ni entraînement. Assemblages des images et traitements : Starry Landscape Stacker, Autopano Giga, Lightroom, Photoshop.
J’ai mitraillé la comète NEOWISE entre le 5 et le 19 juillet et je vous ai montré de nombreuses images et time-lapse dans mes lettres n° 164, 165, 166 et 167 et quelques autres sur mes réseaux sociaux ou mon blog. J’avais présenté un premier montage rapide de cette mosaïque du 9 juillet le jour même, mais voici une version plus aboutie. La comète NEOWISE est vue ici près de 80 minutes avant le lever du Soleil, sur la gauche des crêtes de l’Hortus et du pic St-Loup (arrière-pays montpelliérain) au-dessus desquelles brille Vénus à côté d’Aldébaran et du fourmillement des Hyades ; les Pléiades brillent patiemment à l’aplomb de la planète. Le paysage est éclairé par une grosse Lune gibbeuse dans mon dos. Boîtier Sony A7III, objectif Zeiss de 55 mm diaphragmé à 2, mosaïque de 6 champs composés de 10 images de 2 secondes à 320 ISO. Assemblages des images et traitements : Starry Landscape Stacker, Autopano Giga, Lightroom, Photoshop.
Je termine cette galerie horizontale par un double arc-en-ciel pris de la fenêtre de ma chambre fin septembre alors que la boule rougeoyante du Soleil se levait à peine. Depuis, mes nuits d’observation se sont comptées sur les doigts d’une seule main et le deuxième confinement est venu clore le chapitre pour un temps…
LE CIEL À L’ŒIL NU EN 2021
CALENDRIER ASTRONOMIQUE 2021
Ces deux ouvrages sont sortis au début de l’automne et je compte sur vous pour les offrir à tous vos proches à Noël !
Demandez-les à votre libraire ou commandez-les en ligne sur le site de l’éditeur pour les faire livrer chez vous ou chez vos proches en quelques jours par lettre suivie.
Merci de continuer à soutenir mon travail en cette fin d’année toujours aussi perturbante/bée !
La nouvelle édition du Ciel à l’œil nu – la dix-neuvième ! –, présente plusieurs dizaines de rendez-vous entre les planètes et la Lune visibles de janvier à décembre 2021 et elle est illustrée d’images de paysages célestes réalisées par Jean-François Graffand, Adrien Mauduit, Maxime Oudoux et moi-même. Elle me permet en outre de partager avec vous douze nouveaux textes rédigés au fil des mois lors de mes randonnées sous le ciel étoilé. Ah oui ! il y a aussi plus d’une douzaine de nouveaux encadrés pratiques et encyclopédiques pour vous aider à observer et à photographier le ciel tout au long de l’année !
Si vous ne connaissez pas encore mon Calendrier astronomique, découvrez-le et profitez toute l’année de son très grand format – 35 x 58 cm ouvert – pour garder un œil sur le ciel et les phénomènes célestes à venir. J’ai proposé à plusieurs des meilleurs astrophotographes français de paysages nocturnes de participer à cette édition et c’est l’occasion pour vous de découvrir le superbe travail de Philippe Jacquot, de Jean-François Graffand, d’Adrien Mauduit et de Maxime Oudoux. J’ai également intégré la remarquable carte de la pollution lumineuse réalisée par Frédéric Tapissier, qui vous permettra de choisir vos prochains sites d’observation, sur laquelle j’ai tracé les limites des trois Réserves internationales de ciel étoilé que compte à présent la France.
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