La Voie lactée et le Triangle d’été au-dessus d’une haie de sorbiers des oiseleurs dans le parc national des Cévennes.
Matériel et paramètres techniques identiques de gauche à droite : boîtier Sony A7III défiltré, objectif Sony GM de 24 mm diaphragmé à 5, 3 200 ISO, 50 poses de 6 secondes sans entraînement cumulées avec le logiciel Starry Landscape Stacker, traitement avec Lightroom et Photoshop. Le seul changement, à part un léger décalage du champ, est le lever de la Lune gibbeuse décroissante qui éclaire progressivement le paysage et gomme les étoiles dans un ciel bleui par l’éclat solaire réfléchi par notre satellite naturel.
L’image de gauche a été prise une demi-heure avant le lever lunaire, celle du milieu alors que la Lune gibbeuse était engluée dans des filaments nuageux au ras de l’horizon et celle de droite alors qu’elle brillait vivement une bonne demi-heure après son arrivée dans la nuit. Triomphante et contrastée à gauche, la Voie lactée s’efface peu à peu devant la luminosité de Séléné et ses nébulosités rougeoyantes s’estompent.
Je rappelle que le Triangle d’été est un astérisme formé avec les étoiles Véga de la Lyre (au centre, à droite de l’image), Altaïr de l’Aigle (à gauche de la Voie lactée) et Deneb du Cygne (en haut, juste à côté de la nébuleuse « Amérique du Nord »). S’il occupe le sommet de la voûte céleste au début des nuits estivales, ce vaste triangle reste observable chaque nuit un peu plus tôt au sud-ouest puis à l’ouest jusqu’au cœur de l’hiver.
Ce triptyque a été réalisé près d’une lunaison après la nuit décrite dans le texte qui suit, alors que l’automne avait déjà fait son œuvre, empourprant les feuillages et parsemant les sous-bois de cèpes aussi beaux que délicieux !
© Guillaume Cannat

RUMEURS D’AUTOMNE SUR LE LINGAS

Le vent tombe avec douceur comme si une main bienveillante tournait lentement le rhéostat d’une soufflerie. Je suis pelotonné depuis une bonne heure entre deux blocs de granit sur un sommet du Lingas, surpris par ce violent vent du nord et pas suffisamment vêtu pour l’affronter sans frémir, mais je veux tenir jusqu’au lever de la Lune pour contempler l’éveil du paysage lors des minutes précieuses qui verront son éclat atténuer l’obscurité et bâtir d’admirables perspectives. L’épuisement du vent me libère et calme les arbres proches permettant à la voix des cerfs de s’imposer avec une vigueur enthousiasmante. Ils sont plusieurs – au moins quatre – à se répondre sous le ciel encore sombre barré par la Voie lactée. Les étoiles scintillent follement, témoignant du chamboulement persistant de la haute atmosphère, et la Grande Ourse tombe lentement vers l’eau sombre du lac des Pises. Frigorifiés, les quelques promeneurs venus écouter le brame sont repartis depuis longtemps en éclairant les sentiers et les sous-bois comme un vol de lucioles amoureuses.

Dans le silence tout neuf, les hululements suaves d’une paire de hulottes adoucissent les exclamations gutturales des cerfs et, du sommet où je me tiens, ces voix dispersées donnent une profondeur étonnante à l’obscurité que nous partageons. Penché sur le côté et drapé d’un magnifique voile orangé le dernier quartier lunaire s’arrache lentement à l'attraction sirupeuse de l’horizon. Les minutes s’étirent alors que cette demi-lune rousse semble rendre hommage à l’éclat rubescent de Mars et d’Aldébaran qu’elle côtoie dans le Taureau. Je contemple cette scène et sens naître en moi un sentiment d’émerveillement tant l’ambiance est parfaite, réunissant en ce lieu que j’aime la beauté des astres et l’écoute attentive de la nuit redevenue sauvage. Heureux, j’absorbe ces instants qui nous réunissent, astres, animaux, moi, chacun suivant sa trace avec une conscience plus ou moins forte de la présence des autres. Je ne suis pas étranger à cette nuit, j’en porte ma part et, sans en être responsable, je me considère comme son obligé et ne veux rien faire qui puisse la perturber, entraver son élan serein.

D’un blanc à présent très pur, l’éclat lunaire réveille les taches fauves de la lande sur la fourrure sombre des hêtraies et gomme peu à peu la Voie lactée dans le ciel toujours piqué d’astres innombrables. Marchant doucement dans la clarté croissante, n’allumant ma lampe que pour franchir les passages délicats, je redescends vers le lac en m’arrêtant constamment pour admirer les compositions d’arbres et d’étoiles qui attirent mon regard. L'air se charge d’humidité à l’approche de l’eau et j’écrase des constellations de gouttelettes dispersées dans les herbes souples. Les cerfs ne brament plus depuis un long moment lorsque les glapissements rageurs d’un renard tout proche me font sursauter, j’ai dû croiser sa vie d’un peu trop près ! Illuminée par la Lune, la haie de sorbiers des oiseleurs menant à l’observatoire dévoile sa verdeur à peine caressée par l’automne et bardée de grappes de fruits d’un rouge vif réjouissant. Prises dans les mailles de la Voie lactée, Véga de la Lyre et Deneb du Cygne rient silencieusement derrière ce paravent coloré que j’admire longuement avant de rejoindre mon lit.

Autour de minuit sous Jupiter. La Lune éclaire amoureusement le paysage automnal, mais la brume de mer qui surgit à l’horizon va me plonger au cœur d’un épais brouillard en moins d’un quart d’heure.
© Guillaume Cannat

LE CIEL À L’ŒIL NU EN 2023

La nouvelle édition est disponible en librairie et sur le web !

CALENDRIER ASTRONOMIQUE 2023

La nouvelle édition est disponible en librairie et elle vous accompagnera au fil des mois avec de très belles images du ciel. Cette année, j’ai reçu l’aide des astrophotographes Jean-François Graffand, Adrien Mauduit, Maxime Oudoux et Joshua Rozells, que je remercie sincèrement.

Si vous ne trouvez pas mon calendrier dans votre librairie préférée celle-ci peut l’obtenir auprès de la SODIS ou vous pouvez le commander en ligne et le recevoir directement chez vous en suivant ce lien.

LA TÊTE DANS LES ÉTOILES - GALERIE GADCOLLECTION
8 juin au 21 juillet 2022

Un très grand merci à toutes les personnes qui se sont déplacées pour voir mon travail photographique, et à celles qui ont profité de la réouverture de la galerie pour y retourner début septembre !

Si vous n’avez pas pu venir, vous pouvez encore télécharger librement le catalogue de l’exposition sur le site de la galerie GADCOLLECTION et contacter Gad Edery si vous souhaitez des renseignements sur les tirages disponibles.

UN VOYAGE DANS LE CIEL ÉTOILÉ DES CÉVENNES

C’est le titre de ma conférence à Planet Ocean Montpellier le 17 novembre 2022 de 19 h 30 à 21 h.

Pas besoin de partir à l’autre bout du monde pour découvrir la voûte céleste lorsque les Cévennes sont juste à côté et nous offrent l’un des meilleurs ciels d’Europe. Voie lactée, lumière zodiacale, comètes, étoiles filantes, éclipses, rendez-vous planétaires, solaires et lunaires, je vous invite à revivre les plus beaux moments astronomiques de l’année passée et à préparer ceux des mois à venir lors de cette conférence illustrée par mes films et mes images.

L'entrée est gratuite, mais vous devez réserver votre place en suivant ce lien…

Les puechs d’Allègre et de Mariette sous les étoiles à la fin d’une nuit de janvier 2022. Ces deux mamelons situés en bordure de la Cham des Bondons, au sud-ouest du mont Lozère, luisent sous la lumière d’un maigre croissant de Lune qui vient de se lever et n’est pas assez brillant pour effacer les étoiles. Diffusé par la fumée des feux d’écobuage qui emplit les vallées, l’éclairage artificiel des villes lointaines forme des halos orangés à l’horizon.
© Guillaume Cannat

LES PLUS BEAUX RENDEZ-VOUS AVEC LE SOLEIL, LA LUNE ET LES PLANÈTES...



Depuis que j’ai créé le blog Autour du Ciel sur lemonde.fr (janvier 2014), je mets en ligne régulièrement un billet de présentation des principaux rendez-vous astronomiques visibles à l’œil nu ou avec du petit matériel.
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