Vendredi 5 novembre 2021 à la fin du crépuscule nautique, une heure et quart après le coucher du Soleil, Vénus brille dans le ciel encore bleuté alors que la Voie lactée fait son apparition autour d’elle ; lac des Pises (Réserve internationale de ciel étoilé du parc national des Cévennes). Technique : boîtier Sony A7III défiltré avec un objectif Sony GM de 24 mm diaphragmé à 5 ; addition de 30 poses de 8 secondes (sensibilité poussée à 4 000 ISO) avec StarryLandscapeStacker, traitement avec Lightroom et Photoshop.
© Guillaume Cannat
VÉNUS DANS LE SAGITTAIRE
Chaque année, lorsque je prépare l’édition à venir du Guide du Ciel, j’aime dénicher des rendez-vous célestes sortant de l’ordinaire qui seront autant d’occasions de promenades sous les étoiles. Si vous possédez l’édition 2021-2022, j’espère que vous aurez remarqué le petit paragraphe en haut de la page 192 : « Le mardi 2 novembre, Vénus passe à moins de 2° du centre galactique, dans le Sagittaire. Dans un bon site à la fin du crépuscule, il est donc possible de faire une très belle observation de la planète la plus brillante du Système solaire en plein cœur de la Voie lactée, juste au-dessus de l’horizon sud-ouest. »
Fidèle compagne des aubes et des crépuscules, Vénus s’écarte suffisamment du Soleil lors de ses élongations maximales, comme celle de fin octobre dernier, pour briller dans un ciel bien noir, mais elle n’est pas, alors, systématiquement entourée par un ciel aussi densément peuplé d’étoiles, de nébuleuses et d’amas. Ajoutez à cela un très mince croissant lunaire qui se couchait rapidement après le Soleil et vous aviez, début novembre, tous les éléments pour tenter une observation aussi belle qu’inhabituelle.
Pour admirer la Voie lactée au ras de l’horizon il est, bien sûr, indispensable de s’éloigner des lumières artificielles et de prendre un peu d’altitude pour bénéficier d’une atmosphère aussi limpide que possible ; le paramètre non maîtrisable reste la météo qui réduit souvent à néant les ambitions des observateurs automnaux. J’ai ainsi dû attendre la fin de la semaine pour que le ciel s’éclaircisse et, le vendredi 5 novembre, j’étais au bord du lac des Pises – à près de 1 300 m d’altitude dans la Réserve internationale de ciel étoilé du parc national des Cévennes – pour photographier Vénus, qui s’était déjà éloignée de près de trois degrés du centre galactique.
Un peu plus d’une heure après le départ du Soleil, dans un ciel encore bleuté à peine strié par quelques minces filaments de cirrus, les grumeaux blanchâtres de la Voie lactée se sont matérialisés autour de la planète. Devant moi, le reflet vénusien dansait comme une flamme turbulente à la surface du lac qu’un vent taquin agitait. Vingt minutes plus tard, alors que la nuit envahissait le Lingas, Vénus sombrait derrière la Luzette et la Voie lactée semblait soudain bien vide.
Vendredi 5 novembre 2021 pendant le crépuscule astronomique, une heure et demie après le coucher du Soleil, Vénus brille dans le Sagittaire au pied d’une Voie lactée zébrée par quelques minces cirrus ; lac des Pises (Réserve internationale de ciel étoilé du parc national des Cévennes). Technique : boîtier Sony A7III défiltré avec un objectif Sony GM de 24 mm diaphragmé à 5 ; addition de 30 poses de 8 secondes (sensibilité poussée à 4 000 ISO) avec StarryLandscapeStacker, traitement avec Lightroom et Photoshop.
© Guillaume Cannat
Heureux de l’ambiance de cette première soirée d’observation, j’ai cependant décidé de me déplacer le lendemain pour chercher un horizon plus lointain et tenter de suivre Vénus pratiquement jusqu’à son coucher. Le samedi soir, c’est donc de l’un des sommets du Lingas que j’ai admiré un crépuscule aux teintes incroyablement saturées avant de bénéficier du ciel plus sombre de la fin du crépuscule astronomique pour tirer le portrait de Vénus dans le Sagittaire avec un téléobjectif de 85 mm. Bien que déjà atténué par l’absorption atmosphérique l’éclat de la planète restait impressionnant et pouvoir l’observer dans le même champ de jumelles que les courbes voluptueuses de la nébuleuse de la Lagune était un privilège rare qui valait bien d’affronter le premier vent glacial de l’automne.
Samedi 6 novembre 2021 à la fin du crépuscule astronomique, une heure et quarante-cinq minutes après le coucher du Soleil, Vénus est resplendissante devant la tapisserie galactique. Même diminué par l’absorption atmosphérique son éclat reste impressionnant et il semble éclairer les dernières collines du Lingas. Technique : boîtier Sony A7III défiltré avec un objectif Sony GM de 85 mm diaphragmé à 2,5 ; addition de 150 poses de 2 secondes sans entraînement (sensibilité poussée à 3 200 ISO) avec StarryLandscapeStacker, traitement avec Lightroom et Photoshop.
© Guillaume Cannat
LE CIEL À L’ŒIL NU EN 2022
La vingtième édition est disponible !
Si vous voulez offrir les nouvelles éditions du Ciel à l’œil nu et du Calendrier astronomique, je vous conseille de passer vos commandes avant la mi-décembre pour les recevoir à temps car le réseau postal est souvent saturé en fin d’année !
Elle présente plusieurs dizaines de rendez-vous entre les planètes, le Soleil et la Lune visibles de janvier à décembre 2022, ainsi que des cartes du ciel et de la Lune, des images inédites de paysages nocturnes et de nombreux textes et conseils pratiques pour observer et photographier simplement les astres au fil de l’année.
Vous pouvez la commander en ligne ou dans votre librairie habituelle.
Cliquez sur l’image ci-dessous pour lire le sommaire de cette édition d’anniversaire.
CALENDRIER ASTRONOMIQUE 2022
La huitième année de mon grand calendrier – 35 x 58 cm ouvert – est également en librairie depuis le 14 octobre et il est possible de la commander en ligne et en librairie. Les astrophotographes Philippe Jacquot et Adrien Mauduit participent à cette édition.
Le Calendrier astronomique propose douze images imprimées en très grand format avec les informations nécessaires pour ne manquer aucun rendez-vous céleste : à suspendre dans votre cuisine, votre bureau ou votre coupole !
À la fin d’une longue et glaciale nuit d’hiver, alors que les couleurs de l’aube s’emparent du ciel, le cœur de la Voie lactée s’extirpe de la pollution lumineuse engendrée par les villes de la côte méditerranéenne. Installé au sommet du mont Aigoual, je contemple à mes pieds les vallées très sombres de la bordure sud de la Réserve internationale de ciel étoilé du parc national des Cévennes. S’étendant sur près de 3 600 km2 ce territoire protégé des excès de l’éclairage artificiel constitue un refuge pour la faune, la flore et les amoureux de la nature et du ciel étoilé. Orbitant à 400 km d’altitude, la Station spatiale internationale trace un sillon lumineux dans le ciel alors que les poses photographiques s’enchaînent.
© Guillaume Cannat
DES TÉLESCOPES CONÇUS ET FABRIQUÉS EN FRANCE
Mon ami Pierre Desvaux, qui conçoit et fabrique des télescopes de Dobson depuis plus d’une douzaine d’années – il a notamment construit mon télescope de 760 mm (voir les lettres 40, 41 et 54) –, me signalait récemment qu’il propose à présent l’intégralité de sa gamme, du 250 au 600 mm de diamètre, sous forme de kits à assembler. Tout ce qui est nécessaire pour la construction (hors optiques) est compris : vis, écrous, porte-oculaire, tubes en carbone, araignée, barillet, etc. Le kit est accompagné d'un manuel détaillé de plus de 50 pages pour vous guider pas à pas dans la construction de votre instrument. Pierre fait découper toutes les pièces nécessaires dans d’excellents contreplaqués de bouleau ou de hêtre avec des machines numériques à haute précision, le rendu final est donc superbe et parfaitement ajusté et les délais de préparation des kits sont réduits. Bien sûr, Pierre fabrique toujours des instruments sur mesure dans son atelier bourguignon et il peut s’adapter à toutes vos contraintes optiques (diamètre du miroir, focale) ou mécaniques : structures en métal, cages secondaires double anneaux, structures low rider, utilisation de composites carbone ou fibre de verre, structures allégées cloisonnées, etc.
Si vous envisagez d’acquérir un télescope pour l’observation visuelle des astres et des objets du ciel profond, je ne peux que vous conseiller de prendre contact avec lui pour découvrir son travail d’artisan du bois passionné d’astronomie.
TIRAGES D’ART
Gad Edery, fondateur de la Galerie GADCOLLECTION installée rue du Pont Louis-Philippe dans le Marais (Paris), m’a contacté ce printemps pour préparer une exposition de mes photographies de paysages célestes. Plus de quinze images sont déjà visibles sur le site de la galerie pour (re)découvrir mon travail nocturne !
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