© Guillaume Cannat
La Voie lactée sur le chaos granitique de Serre de Monjol, versant sud du mont Lozère, Réserve internationale de ciel étoilé du parc national des Cévennes, le 27 juin 2019. La fournaise étouffante de la journée avait libéré une brume de chaleur abondante qui enveloppait le ciel et diffusait très largement la pollution lumineuse pourtant remarquablement faible en temps normal dans le secteur. Cela donnait une ambiance très particulière, le paysage restant étonnement visible en pleine nuit sous cet éclairage diffus. Technique : boîtier Sony A7s défiltré avec un objectif Sigma 20 mm ART 1.4@2.8 ; 20 poses de 3,2 secondes à 10 000 ISO sans entraînement.
RENCONTRE CANICULAIRE
« Bonsoir, vous faites quoi ? » Lorsque j’entendis la camionnette ralentir, je pensai, un peu tendu, que j’allais devoir justifier ma présence au-delà du fil barbelé qui bordait la route. Je l’avais enjambé pour trouver un meilleur angle pour mon time-lapse après avoir vérifié l’absence de vaches ou de brebis dans le champ, mais j’étais bien chez autrui. La mollesse de la clôture prouvait que je n’étais pas le premier à la franchir entre ces deux blocs granitiques qui invitaient presque à le faire en facilitant grandement le passage, mais, tout de même, je repassai sur la route, prêt à plaider ma cause et celle des étoiles ! « Bonsoir, vous faites quoi ? » me demanda un jeune barbu au regard pétillant d’intelligence que les pieds photographiques en attente derrière mon véhicule avaient intrigué. Photographe de la nature diurne, il arrivait d’Ardèche avec sa compagne et ils cherchaient un lieu pour dormir lorsqu’ils avaient croisé mes préparatifs et avaient fait demi-tour pour comprendre ce que j’allais photographier : oiseaux, paysages, ciel… Un peu soulagé, je discutai un moment avec eux alors que les étoiles une à une rejoignaient Jupiter dans un ciel blanchi par la chaleur intense, puis je leur indiquai un site proche où ils pourraient s’arrêter agréablement et je retournai à mes préparatifs dans la lueur déclinante d’un crépuscule solsticial apparemment inépuisable. Il était plus que temps de lancer mon time-lapse et d’entamer une nuit trop courte et trop chaude sous cette étrange Voie lactée lozérienne.
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