Quelques heures sous les étoiles
Le Soleil vient de s’effacer derrière la ligne résineuse qui clôture l’horizon ouest et le paysage semble soudain plus terne. Devant moi, les hautes herbes qui ponctuent la lande du Lingas s’agitent dans le vent alors que l’air cherche un nouvel équilibre pour la nuit. Des couples de corneilles passent en criant à qui mieux mieux, puis le grand silence du soir s’installe alors que l’arche anticrépusculaire s’élève et que j’installe mon matériel. Je suis monté ici pour bénéficier du croissant de Lune. J’ai besoin de sa clarté pour révéler la lande et bleuir le ciel de mes photographies, et je sais que sa jeunesse relative ne gommera pas la lueur délicate de la Voie lactée qui se dresse comme une sculpture monumentale au-dessus de l’horizon sud-ouest ; Mars et Saturne sont là également, juste à côté de Séléné. Avant même la fin du crépuscule, la voûte limpide dévoile l’empreinte phosphorescente de la Voie lactée. L’œil, ce capteur naturel d’une sensibilité exceptionnelle, ne se laisse pas impressionner par la Lune et parvient à faire cohabiter dans le même champ le poudroiement stellaire de notre galaxie et ce puissant luminaire. Il est temps de tirer parti de cette source d’éclairage extraterrestre pour composer l’image que j’avais en tête en venant ici ce soir. Elle me permet, en dépassant la simple contemplation à l’œil nu, de révéler un peu de la beauté invisible du ciel et de partager l’ambiance merveilleuse de la lande du Lingas au clair de Lune.
Vous pouvez lire la version longue de ce texte et détailler un tirage pleine page de cette image dans le numéro 71 (Novembre-Décembre 2014) de la très bonne revue Astrosurf Magazine.
Images © Guillaume Cannat
Du côté de la technique
La lande du Lingas (mont Aigoual, Cévennes) au clair de Lune, le 1er septembre 2014. Il s’agit d’une mosaïque de 3 images obtenues avec un boîtier Nikon D700 (défiltré), un objectif de 24 mm diaphragmé à 4 et 30 secondes de pose à 1 000 ISO pour chaque image. L’entraînement équatorial motorisé (Astrotrac) permet de compenser la rotation de notre planète et de faire en sorte que les étoiles restent ponctuelles. Sous la clarté lunaire, et grâce à la pose photographique d’une trentaine de secondes, le ciel nocturne est redevenu bleu et le paysage est révélé comme en plein jour. À droite et en dessous de la Lune surexposée, les 2 astres les plus brillants sont les planètes Mars et Saturne.
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