© Guillaume Cannat
Pic Cassini, mont Lozère (RICE du parc national des Cévennes), nuit du 25 au 26 octobre 2019. Technique : boîtier Sony A7s défiltré avec un objectif Sigma 20 mm ART 1.4@2.8 ; mosaïque de 4 champs verticaux, chaque champ étant la somme de 20 poses de 4 secondes à 10 000 ISO, sans filtre ni entraînement.
En me replongeant dans l’ambiance de cette nuit d’octobre sur le mont Lozère, les phrases d’un texte rédigé il y a une quinzaine d’années et publié dans mon ouvrage Carnets de nuits sont remontées comme des bulles à la surface de ma mémoire et je vous propose de les lire ou de les relire ci-dessous. Auparavant, cliquez sur l'image pour l'agrandir et laissez-vous emporter par la nuit cévenole, par l’averse étoilée qui scintille et ruisselle sur le chaos granitique du pic Cassini, comme attirée et canalisée par l’étrange structure d’acier qui chapeaute cette protubérance majeure de l’épine dorsale lozérienne. Dans le silence de la nuit, à peine troublé par les caresses d’un vent à la douceur inhabituelle, allongez-vous par la pensée comme je l’ai fait physiquement ce soir-là et déployez votre regard et votre conscience vers ce ciel immense, si riche et si vaste que l’on pourrait s’y perdre pendant des heures entières. Il arrive que l’on se sente écrasé par une telle profusion stellaire, subjugué par sa beauté et réduit à néant par son ampleur, mais le sentiment d’une absolue appartenance au cosmos qui naît lors d’une telle confrontation est souvent le plus fort. Et c’est une sensation joyeuse et revigorante, même si elle s’accompagne de la perception sourde des blessures profondes que notre mode de vie inflige aux êtres et au monde.
LES ENFANTS DES ÉTOILES
Nous sommes les enfants des étoiles et de la nuit. L’espèce humaine a évolué sous une tapisserie stellaire étincelante que ne voilaient pas encore toutes les formes de pollutions industrielles et lumineuses que nous avons inventées récemment. Imaginons nos ancêtres. Imaginons-les, où qu’ils se trouvent, plongés dans la contemplation de la voûte céleste, dans l’observation insatiable des mouvements des astres. Qu’auraient-ils pu faire d’autre que de projeter leurs rêves, leurs espoirs, leurs peurs aussi, sur cet écran scintillant ? De ces îlots de conscience humaine dispersés dans un monde aux dimensions inconnues sont nés des religions et des mythes dans lesquels certains astres, les plus lumineux, bien sûr, le Soleil, la Lune, mais d’autres aussi, d’éclats plus modestes, comme Vénus ou les Pléiades, ont joué des rôles de premier plan.
Derrière l’apparent chaos d’un ciel qui apportait inondations, tempêtes et sécheresses au même titre qu’éclipses, comètes et nouvelles étoiles, nos ancêtres décelèrent des rythmes, des cycles, de l’ordre. Ils inventèrent les nombres et les concepts nécessaires pour rendre compte des apparences du Monde et tenter de l’expliquer. Ainsi, l’évolution culturelle de toutes les civilisations a-t-elle été intimement liée à l’observation des phénomènes célestes, suivant en cela des millions d’années d’adaptation du corps humain aux caractéristiques physiques de la Terre.
Aujourd’hui, l’intimité avec le ciel et la nature que nos ancêtres avaient développée n’est même plus concevable. Les images satellitaires de notre planète montrent l’envahissement de la nuit par les lumières artificielles et ceux qui habitent dans ou à proximité des villes peuvent vivre et mourir sans avoir jamais vu ce qui faisait partie du quotidien il y a seulement deux ou trois générations : les étoiles, la Voie lactée, les comètes. Nous passons l’essentiel de nos soirées à l’intérieur, devant un écran, inconscients de la beauté et des interrogations qu’a pu faire naître le ciel au cours des âges passés.
Pourtant, la beauté du ciel est d’autant plus forte que nous en connaissons la face cachée, tout ce que nous ne voyons pas directement à l’œil nu ou avec les instruments d’amateurs, mais que l’astrophysique et les observatoires spatiaux nous ont appris. Bien sûr, en regardant entre les constellations du Sagittaire et du Scorpion, vous ne verrez pas directement le trou noir géant qui dévore les étoiles au centre de notre Galaxie, mais connaître son existence vous fera regarder cette zone de la Voie lactée avec un autre œil, avec une connivence intellectuelle qui enrichira votre expérience visuelle. Alors, laissez votre imagination briser la sphère étoilée qui nous enserre et voguer parmi les supernovæ, les trous noirs, les nébuleuses et les galaxies. L’observation du ciel reste l’une des plus simples et des plus riches expériences que chacun peut vivre ; elle implique tous les sens, elle mobilise l’intelligence, la connaissance et permet à chacun de renouer un lien intime et précieux avec le cosmos.
Extrait de mon ouvrage Carnets de nuits
VOYAGES SOUS LE CIEL DES CÉVENNES AVEC DES ÂNES
Le confinement aura bien une fin et nous pourrons retourner sous les plus beaux ciels étoilés de France ! Si vous voulez découvrir la somptueuse voûte céleste cévenole que je fréquente au fil des mois, prenez contact avec la petite, mais très professionnelle, agence Azimut Voyages, au Vigan. Depuis quelques années, Gaëlle, Paul, Matthieu, Xavier et quelques autres organisent et encadrent des randonnées astronomiques passionnantes avec des ânes pour porter bagages et télescopes ! L'image ci-dessus montre l'arrivée d'un groupe en vue de l'observatoire astronomique du lac des Pises. Dates possibles pour des petits groupes constitués ou des groupes familiaux.
Plus de renseignements sur le site d’Azimut Voyages.
DES NOUVELLES DU GUIDE DU CIEL 2020-2021
Le marché du livre est dans la tourmente et le Guide du Ciel 2020-2021 aura plus que jamais besoin de votre fidélité pour passer le cap cette année. En effet, même si l’imprimeur italien qui le fabrique depuis plus d’un quart de siècle m’a confirmé la semaine dernière qu’il pourrait finalement l’imprimer courant mai et le livrer début juin, son arrivée en librairie sera très fortement retardée. Les milliers de parutions en attente accumulées dans la chaîne de distribution depuis le début du confinement vont progressivement être débloquées, retardant d’autant les nouvelles parutions, et il faudra probablement attendre le mois d’août avant que le nouveau Guide du Ciel soit largement disponible en librairie. Je vous conseille de réserver votre exemplaire pour faciliter le travail de votre libraire. Courant mai, je mettrai en ligne le fichier pdf des trois premiers mois de cette édition pour que vous puissiez librement préparer vos observations de l’été avant d’avoir l’ouvrage en main.
Voici la couverture du prochain Guide du Ciel que vous pouvez réserver en cliquant dessus ou ici...
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