© Guillaume Cannat
Voici une vue du ciel équatorial prise à l’aube du dernier jour de mon récent safari animalier et astronomique au Kenya avec Tony Crocetta, le super groupe « ISO » et la sympathique équipe de Melting Pot Safaris. Quelques nuages envahissaient progressivement le ciel, mais pas assez vite pour cacher la splendeur de la Croix du Sud et de son voisinage céleste. Résultat, le mince voile nuageux a légèrement flouté le paysage céleste, mais il lui a aussi donné bien plus de présence en magnifiant l’éclat et la couleur des astres les plus brillants et des nébuleuses. C’est comme un effet de flou à la David Hamilton ou, pour les astrophotographes, un effet à la Akira Fujii !
Cette profusion de couleurs n’est malheureusement pas perceptible à l’œil nu, mais l’utilisation d’un boîtier photographique défiltré la révèle en seulement trente secondes de pose (3 200 ISO). J’avais mon équipement habituel pour réaliser cette mosaïque de quatre images : boîtier Nikon D700 défiltré, objectif Nikon de 85 mm diaphragmé à 3,2, entraînement motorisé par Astrotrac. À gauche de la Croix du Sud, la masse sombre du Sac à charbon semble creuser un trou dans la Voie lactée. Un peu plus loin, Alpha et Bêta du Centaure, Rigil Kentaurus (blanche) et Hadar (bleue), émergent d'un fourmillement d’étoiles. De l’autre côté de la Croix du Sud, la Voie lactée s’habille de rouge autour de la grande nébuleuse de la Carène. Cette tache, grisâtre à l’œil nu, apparaît bien plus brillante et étendue que la nébuleuse d’Orion.
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DEVANT LA CROIX DU SUD
Grillons et grenouilles effacent le silence sous l’éclat incisif de Canopus et de Sirius. La tête renversée, les mains en protection contre quelques sources lumineuses iconoclastes, j’admire Orion qui s’agrippe au zénith et je tombe lentement vers la Carène, la Croix du Sud et le Sac à charbon. La nuit sera longue et j’ai tant de sentiers à parcourir, tant d’amas, de nébuleuses et de galaxies à découvrir. J’imagine l’émerveillement des voyageurs anciens confrontés à l’apparition d’un ciel nouveau, à des figures célestes sans formes ni noms ; l’émerveillement et la crainte aussi. L’absence du soutien d’une culture antique, béquille imparfaite mais rassurante, devait déstabiliser leurs regards et troubler leurs certitudes. Ainsi seront un jour les découvreurs des nouvelles terres lorsqu’ils tourneront leurs yeux vers la nuit et n’y reconnaîtront rien. Dans ce magma étincelant, ils devront bâtir, élaborer des conquêtes immobiles et se jeter à corps perdu dans l’invention de nouvelles mythologies. Les enfants des enfants de nos enfants se consacreront à cette tâche peut-être, si la folie ne l’a pas emporté dans le cœur des peuples et si la pendule de nos vies n’a pas été remise à zéro. Les yeux plongés dans l’océan de la nuit équatoriale, je l’espère en silence.
Texte publié dans Le Ciel à l’œil nu en 2019 que vous pouvez vous procurer en librairie et en ligne.
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