Juste après le solstice d’été, la Voie lactée se redresse en cours de nuit au-dessus du puech Allègre qui surplombe le village des Bondons au sud du mont Lozère. La pollution lumineuse engendrée par l’éclairage artificiel mal maîtrisé des villes du littoral méditerranéen fait luire une barre de cirrus à l’horizon, mais, plus haut, le ciel d’une transparence exceptionnelle révèle les moindres détails de la tranche galactique et accueille le reflet vert émeraude de l’airglow.
Technique : boîtier Sony A7IIId avec un objectif Sony GM de 24 mm diaphragmé à 2,2 ; le temps de pose cumulé est de près de six minutes à 4 000 ISO sans entraînement (61 poses de 6 secondes).
© Guillaume Cannat

VOIE LACTÉE ET AIRGLOW SUR LE MONT LOZÈRE

Juste après le solstice d’été, comme un cadeau après des semaines d’orages, le ciel de la Réserve internationale de ciel étoilé des Cévennes m’a offert un spectacle grandiose. Nettoyée par les pluies incessantes, l’atmosphère était d’une transparence rare et, si un vent violent a secoué mes appareils durant la première nuit, les conditions ont été pratiquement parfaites lors de la suivante. Depuis le flanc méridional du mont Lozère, à près de 1 300 mètres d’altitude, la vision du très vaste territoire sombre totalement dépourvu de points lumineux qui s’étalait devant moi sur des dizaines de kilomètres de profondeur était vraiment réconfortante, même si la pollution lumineuse des villes du littoral méditerranéen rappelait sa présence en éclairant une longue bande de cirrus au sud. Un voile d’airglow d’une délicate teinte vert émeraude, témoin de l’intense activité solaire du moment, se superposait aux couleurs de la Voie lactée et des plus brillantes étoiles du Sagittaire, d’Ophiuchus et du Scorpion.

Ce paysage céleste n’était bien évidemment pas aussi contrasté et coloré à l’œil nu que sur mes photographies – les capteurs numériques révèlent les couleurs auxquelles notre vision nocturne n’est pas sensible –, mais, même grisâtre, la Voie lactée était absolument somptueuse avec ses plus belles nébuleuses et ses grandes éraflures sombres parfaitement discernables. Je vous propose ci-dessous une illustration extraite de l’édition 2023 de mon ouvrage Le Ciel à l’œil nu qui vous montre comment situer plusieurs zones de la Voie lactée sans instrument dans un très bon site lorsque votre vision nocturne est bien installée.

Si notre vision nocturne est insensible aux couleurs, elle est en revanche d’une extraordinaire sensibilité lorsqu’on lui laisse le temps de s’installer pleinement dans un site protégé de la pollution lumineuse. Au bout de quelques minutes dans l’obscurité, on a déjà l’impression de voir très bien le ciel étoilé, mais l’expérience montre qu’il faut plus d’une heure pour que notre vision nocturne approche de sa sensibilité maximale et on voit vraiment la différence sur la Voie lactée. Les objets célestes et les zones plus lumineuses que j’ai signalés sur cette image sont rapidement visibles à l’œil nu dans un ciel sombre de bonne qualité, mais il faut un ciel d’une très grande transparence et la vision nocturne la plus complète possible pour voir l’échancrure de la nébuleuse de la Pipe. Quant au cheval noir d’Ophiuchus, dont la Pipe forme l’arrière-train, on ne le voit pas réellement ; on a parfois l’impression de sa présence dans les meilleurs ciels, mais il n’est jamais aussi évident que la Pipe. Dans les Cévennes, je parviens souvent à le deviner en cours de nuit au printemps et au début de l’été lorsque les lumières de tous les villages environnants sont éteintes et qu’il passe au plus haut de sa course en franchissant le méridien. Cette image a été prise lors des Nuits du causse Noir en juillet 2021 et j’ai atténué la teinte du ciel pour m’approcher de la perception que l’on peut avoir de la Voie lactée à l’œil nu en pleine nuit sans Lune dans un très bon site et avec une vision nocturne parfaitement installée.
© Guillaume Cannat

CONFÉRENCE SUR LES PAYSAGES CÉLESTES AUX NUITS DU CAUSSE NOIR

Lors des Nuits du causse Noir, le rassemblement d’observateurs qui se déroulera du 15 au 20 août dans la Réserve internationale de ciel étoilé du parc national des Cévennes, je donnerai une conférence sur ma pratique de la photographie de paysages célestes. Je détaillerai la manière dont je prépare mes nuits photographiques et je présenterai le matériel et les techniques que j’utilise. Il doit rester encore quelques places pour participer à ce rassemblement, mais ne tardez pas à vous inscrire !

Nuits du causse Noir, 15 au 20 août 2023

LE GUIDE DU CIEL 2023-2024

La nouvelle édition de mon Guide du Ciel – la vingt-neuvième ! – est disponible en librairie. Elle regorge d’informations pour observer des centaines de phénomènes astronomiques à l’œil nu, aux jumelles ou avec un instrument optique plus puissant jusqu’en juin 2024 : conjonctions planétaires, éclipses de Lune et de Soleil, étoiles filantes, occultations, aurores polaires, comètes, cycles solaires, lumière zodiacale, gegenschein, nuages noctiluques, meilleures périodes pour admirer la Voie lactée et photographier ses arches et ses piliers, etc.). Avec des conseils pratiques et des centaines de cartes, de photographies et de schémas pour pratiquer l'observation du ciel aussi souvent que possible !

LES PLUS BEAUX RENDEZ-VOUS AVEC LE SOLEIL, LA LUNE ET LES PLANÈTES...



Depuis que j’ai créé le blog Autour du Ciel sur lemonde.fr (janvier 2014), je mets en ligne régulièrement un billet de présentation des principaux rendez-vous astronomiques visibles à l’œil nu ou avec du petit matériel.
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